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vendredi 28 août 2009

PROMOTION DE LA PLANNIFICATION FAMILIALE


«Ce n’est plus normale de perdre la vie en la donnant»

Pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement, le gouvernement du Sénégal a choisi de replacer la planification familiale au sommet de l’’agenda de la lutte contre la mortalité maternelle, néo-natale et infantile. Les questions de population relèvent très souvent de croyances et de pratiques qui ont pour source la tradition. Celles-ci prennent très souvent le pas sur les enseignements islamiques et certains musulmans ont tendance à justifier ces croyances traditionnelles par l’Islam. Or, les pratiques attachées aux croyances et aux valeurs sont les plus difficiles à modifier au sein d’un peuple. Peut-on parler de population sans évoquer l’espacement des naissances ? Le thème choisi cette année est : «La Planification Familiale : une priorité pour la réduction de la mortalité maternelle néonatale et infantile». Force est de constater que la PF a perdu du terrain face à des programmes jugés plus importants tels que le VIH/SIDA, le paludisme, la tuberculose, les soins obstétricaux d’urgence, la nutrition etc. Mais les rumeurs autour de la Pf, la crainte de la désapprobation sociale, l’accueil au niveau des services sanitaires constituent la face cachée de l’iceberg. Le lancement de la campagne nationale a démarré pour sillonner tous les régions du Sénégal et prendra fin le 15 août.




Malgré la diversité et les progrès enregistrés dans l’utilisation des méthodes modernes de la contraception de 1980 à nos jours, le taux d’utilisation des MMC restent encore très faible. L’enquête démographique de la santé de 2005 montre que 10% des femmes souhaitent différer leur prochaine grossesse mais ne le font pas. Ce qui expose les femmes aux grossesses non désirées. Ainsi une nouvelle stratégie appelé modèle «RAPID» prendra place pour contribuer au repositionnement et à la revitalisation de la PF au Sénégal avec conséquemment un impact positif sur la santé de la mère et de l’enfant. La représentante de l’UNFPA pense qu’il est anormal de donner la vie en la perdant. Le Sénégal est reconnu pour son rôle de chef de file dans le secteur de la santé en Afrique. L’ambassadrice des Etats-Unis, Madame Marcia S. Bernicat, a tenu à saluer l’engagement réitéré du Sénégal pour atteindre les Objectifs du millénaire pour le développement, notamment ceux liés à la diminution de la mortalité néo-natale.

Les rumeurs autour de la planification familiale
Le concept de planification familiale peut différer dans son sens, d’une personne à une autre. Les uns entendent par là tout ce qui est relatif aux éléments composant la famille, tandis que pour les autres, c’est l’espacement et la planification des naissances dans le but de préserver la santé de la mère contre les méfaits que peuvent causer les grossesses rapprochées. Les méthodes qui permettent d’y parvenir sont appelées des contraceptions. Il y a cependant deux méthodes : les contraceptions d’urgence et les contraceptions générales. La contraception d’urgence est une méthode peu connue par une grande partie de la population. Le médicament le plus populaire vendu dans les officines est le Norlévo ou la pilule du lendemain. Il existe par conséquent plusieurs autres méthodes de contraception d’urgence. Comme son nom l’indique la CU empêche une grossesse dans les 72 heures, c'est-à-dire trois jours après le rapport sexuel. Des indications que plusieurs prestataires surtout chez les pharmaciens ne maîtrisent pas. Les contraceptions générales permettent à la femme de rester très longtemps voire des années sans contracter une grossesse. Il y a la DIU, un appareil introduit dans le vagin, le Norplan des bâtonnets introduits dans l’avant bras de la femme, l’injection, etc.
Le mot planification selon l’Islam
Le mot couvre un sens très large, car dans son sens d’organisation, il est requis en toute chose. Etant la première cellule de la vie en société, la famille doit, elle aussi, s’organiser en créant les conditions permettant à chacun de ses membres de s’épanouir pleinement dans tous les domaines de la vie. La planification est donc une chose nécessaire. Aussi, l’Islam y invite-t-il, même si certaines personnes sont gênées par la notion de planification familiale, estimant que cela s’inscrit en faux avec les enseignements de l’Islam et la Volonté de Dieu, le Créateur. Les chercheurs et savants ont étudié ce problème et plusieurs concepts ont été avancés : «Limitation des naissances», «planification» ou «contrôle des naissances», etc. La planification familiale est une chose que la Charia (Loi islamique) ne récuse pas, en principe, si on prend en considération la pratique du coït interrompu, qui se faisait à l’époque de l’Envoyé de Dieu (PSL), ainsi que mentionnée dans le hadith que Bukharî, Tirmîdî et Ibn Mâja ont rapporté le tenant de J’âbir qui dit : «Nous pratiquions le ‘azl (coït interrompu) à l’époque du Prophète (PSL) pendant que le Coran descendait». Ce qu’on entend ici par planification familiale, c’est ce qui consiste à espacer les grossesses afin de permettre à la femme de recouvrer sa santé, ou «d’entretenir sa beauté», ou d’éviter des complications. Cependant, certains docteurs de la foi interdisaient la pratique se basant sur les propos de Ibn Abbas selon lesquels : «Pratiquer le ‘azl équivaut à enterrer vivante sa fille». Précisons, cependant que les traditions rapportées sur la pratique ne peuvent être réfutées par les propos d’Ibn Abbas. D’après Rifâ’a Ibn Râfi : «Umar était assis en société avec Ali Ibn Ali Talib, Zubayr, Sa’d et d’autres compagnons (du Prophète) (PSL) lorsqu’ils vinrent à parler de la pratique du «azl» que Umar trouva sans conséquence grave en disant : «ce n’est pas grave». Sur quoi, un autre dit : «Certains prétendent pourtant que cette pratique équivaudrait à enterrer vivante sa fillette». Ali répliqua en disant : «On ne considère qu’il y a suppression de vie que si la goutte de sperme traverse les sept étapes que voici : celle d’un extrait d’argile, celle du sperme, celle du caillot de sang, celle de l’embryon, celle d’une ossature, celle d’une chair et celle où elle devient un être vivant constitué». Et Umar conclut en disant : «Tu as raison ! Que Dieu t’accorde longue vie, ô père d’Hassan !».
La position d’Ibn Abbas ne doit être prise en considération que par analogie avec la tentative faite pour empêcher une grossesse, eu égard à la pratique inhumaine qui consistait, à l’époque préislamique, à ensevelir vivantes les fillettes, ainsi que le texte coranique l’a noté : «Lorsque l’on demandera à la fille enterrée vivante pour quel crime elle a été tuée». Mais l’on voit qu’Ali a souligné la faiblesse d’une telle analogie et l’a rejetée en précisant que celle-ci ne peut-être retenue qu’après les sept phases du développement embryonnaire révolues. Cette thèse d’Ibn Abbas est également en contradiction avec le contenu du hadith rapporté par l’Imam Ahmad Ibn Hanbal et Abû Dawud le tenant de Abû Sa’îd al Hudrî, selon lequel : «les juifs ont prétendu que la pratique du «azl» équivaut à enterrer vivante sa fille. Mais le Prophète (PSL) a dit : «les juifs ont menti car si Dieu veut créer quelque chose, rien ne peut l’empêcher».

Qui doit bénéficier de la planification Familiale

Bon nombre de femmes des pays en voie de développement se trouvent généralement confrontées, pendant la période de leur grossesse, à des problèmes de santé graves qui, la plupart du temps, peuvent entraîner la mort par manque de structures sanitaires et de possibilités matérielles suffisantes. Ainsi, le nombre de cas de décès des suites de grossesse est estimé à 500.000 annuellement dans les pays sous-développés. L’enquête Démographique de Santé (EDS 2005), malgré la baisse constatée dans les chiffres, confirme qu’au Sénégal, la mortalité maternelle est très élevée. Elle est estimée à 401 décès pour 100.000 naissances vivantes. Donc la norme voudrait que la planification soit destinée aux femmes mariées. Par conséquent l’utilisation des méthodes modernes de la contraception ne peut être privée à toutes les personnes demandeur en particulier les jeunes filles. Cet état de fait constitue le maillon faible dans la prestation du CU. Mais les prestataires n’ont pu s’empêcher d’être sensibles par rapport à des faits qui gangrènent notre société. La question ne se substitue pas alors sur la motivation de vouloir perdre son enfant ou la situation des parts de responsabilité. Car les causes d’infanticides demeurent dans certains cas très complexes. La religion tranche de façon claire mais le respect des droits humains est perplexe. L’agression sexuelle et le manque d’informations en bandoulière, les jeunes filles dans la tourmente décident elles mêmes de se prendre en charge en optant pour des moyens modernes de contraception.

Mandiaye Petty BADJI

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