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jeudi 3 septembre 2009

VIE ET ŒUVRE D’UN HOMME DE DIEU


Serigne Massamba Mbacké, Calligraphe de Borome Touba

La municipalité des parcelles assainies, en collaboration avec les familles religieuses ont baptisé l’ex rue 13 x 14, du nom de Serigne Massamba Mbacké (1882-1943). L’illustre parrain et exégète mouride (frère cadet du fondateur du mouridisme, Cheikh Ahmadou Bamba Mbacké), né à Patar, quelques mois après la disparition de son père, Momar Anta Sally Mbacké, a été baptisé par son frère (qui a reçu en songe de son père, le nom à donner au nouveau né). Sous la férule de son aîné, il fut initié aux lettres coraniques et à la vie spirituelle. Sa mère Sokhna Aissatou Diop était issue de Koki et a été d’abord l’épouse du Damel du Cayor, Lat Dior Diop. Une union qui donnera naissance à Serigne Mor Isseu Diop. A la mort du Damel du Cayor, Momar Anta Sally, ami du Damel la prit en mariage. Dès l’âge de 7 ans, le Cheikh confia Serigne Massamba Mbacké à Serigne Abdou Rahmane Lô qui lui enseigne le coran. Très tôt, il maitrisa le saint coran et devient un calligraphe hors pair. Son maître l’exemptait des travaux champêtres.

Depuis son exil de près de 7ans au Gabon, le Cheikh le fit transférer chez son autre frère Thierno Birahim Mbacké pour y poursuivre sa formation. Et ceci durant le reste du séjour du Cheikh en Mauritanie. Après son installation à Thiéyène, le Cheikh le fit venir définitivement auprès de lui, en compagnie de Serigne Mouhamadou Moustapha, Serigne Fallou et Serigne Bara Mbacké qui étaient tous en formation chez borom Darou.
C’est au Daara de Thiéyenne que Serigne Touba lui signifiait «Que personne ne peut obtenir auprès de lui, une parcelle de bienfaits ou les privilèges qu’il a impétrés de son seigneur, sans l’acte d’allégeance et sans avoir œuvré dans son service. Il fit acte d’allégeance et se ceignit les reins. Le Cheikh lui donna en mariage la fille de Serigne Madiakhaté Kalla. Assigné en résidence surveillé à Diourbel en 1912, Masssamba l’y rejoint pour lui demander la permission de s’installer à Touba. Serigne Massamba avec ses frères et compagnons de foi de la trempe de Serigne Mandoumbé Mbacké, Cheickhe Anta Mbacké, Cheickhe Ibra Faty Mbacké et d’autres ont démontré, comment une vie peut être entièrement consacré et constamment mise au service de Dieu. Ils constituent aujourd’hui un aréopage de suffisant pour mesurer la dimension exceptionnelle de leur maître Khadimou Rassoul. La simple évocation du nom fait défiler sur les tableaux lumineux des pages d’une facture calligraphique inégalable, des enluminures qui laissent plus d’un artiste pantois.
Il rappelle aux différents conservatoires en chants religieux, les mélodies qu’il a mise en l’honneur et constituent une référence authentique de notre génération par ses Kurels wakeur Serigne Massamba Mbacké. Le cheikh lui envoyait de Diourbel, de grandes malles contenant des Qassidas qu’il devait agencer et recopier en plusieurs exemplaires. Il y mettait les accentuations et ponctuations. Une tâche qui était auparavant confiée à Serigne Amssatou Diakhaté, au Djolof. Serigne Massamba n’est pas seulement le copiste à une belle plume. Il s’est distingué dans l’art d’embellir le coran et les Qasidas, dans un style exceptionnel d’enluminure qu’il a mis en l’honneur. Il reste jusqu’à nos jours le plus grand enlumineur du mouridisme. On conserve aujourd’hui jalousement à la bibliothèque Cheikhoul Khadim de Touba, des manuscrits dont la facture est rehaussée par son art merveilleux d’une symétrie surnaturelle. Ses entre lacs, ses fresques, ses coniques, ses ronds et les messages de ses traits codés dans des labyrinthes séduisants les regards. Grand calligraphe, érudit, dévot et serviteur infatigable de son maître, car pour lui, c’est grâce à celui-ci et à son service qu’il a acquis ses dons; c’est comme s’il voulait dire «des aptitudes et des disponibilités acquises auprès de Dieu, ne doivent être destinées qu’au service de Dieu».
Son attachement à la calligraphie et le rôle qu’il jouait dans ce domaine, sous l’ombre du Cheikh étaient tels, qu’un jour, alors que Cheikh Ahmadou Bamba se trouvait en déportation en Mauritanie, il lui envoya des malles contenant 24.000 calames (plumes), taillés selon la rigueur qui sied à son personnage.
Autant Serigne Massamba disposait d’une équipe d’enlumineurs qu’il avait lui-même formée, autant il avait mis sur pied une équipe de conservatoire, en chants religieux sur les œuvres du Cheikh et dont les mélodies jusqu’à nos jours sont à l’honneur.
Il avait une équipe qu’il avait sélectionnée selon des critères les plus pointus, allant du timbre de la voix, à la parfaite maîtrise de la lecture. Pour Serigne Massamba chanter les Qasîdas est, au-delà de mélodie qui apaise les cœurs et bercent l’âme, un acte d’adoration qu’il faut faire avec une grande concentration. Il mettait son équipe de conservatoire, en chants religieux dans des conditions requises pour une bonne prestation et lui accordait tous les égards. Il ne permettait ni paresse, ni laxisme et supervisait lui-même les prestations du Kurel auprès du Cheikh. Il insistait sur la circonspection, la concentration, la bonne prononciation des mots. Les talents de la première génération allaient déteindre sur les générations futures qui vont se reconstituer, en véritable école.
Ainsi, les premières mélodies dites celles de «Wakeur Massamba», sont très connues des nombreuses équipes de conservatoires qui foisonnent aujourd’hui. Ils ont résisté au temps et aux multiples innovations de chanteurs à la recherche de célébrité. Elles demeurent les classiques, inaltérables qui transcendent le temps.
Serigne Massamba a reçu la recommandation du Cheikh, de se baser à la carrière d’où l’on devait extraire les pierres et les transporter à l’emplacement actuel de la mosquée, lors de sa construction en ces termes : «qui vient participer au travail doit te trouver sur place, qui repart doit également te laisser sur place».
Serigne Massamba avait établit son quartier général à la carrière, creusant, extrayant des pierres et les taillant. Durant tout le reste du séjour du Cheikh à Diourbel, Serigne Massamba n’aura de cesse. Après le rappel à Dieu du Cheikh le Khalife Mohamadou Moustapha lui demanda de poursuivre sa mission. Il établit son nouveau quartier général aux lieux des travaux. Il était toujours sur le chantier de la mosquée, de l’aube au crépuscule, creusant des tranchées et taillant des pierres. Tout le produit de ses récoltes et les dons pieux qu’il recevait, étaient utilisés dans les travaux de la grande mosquée. Il assistait les travailleurs, les encourageait à l’ouvrage et les galvanisait. Il n’hésitait à leur acheter des friandises et des amuse gueules, en plus des repas qu’il leurs faisait parvenir régulièrement.
Serigne Massamba Mbacké se plaisait fort de dire «tout ce que je sais, je le détiens de Serigne Touba, je suis ce qu’il a voulu que je sois. Affection fraternelle et paternelle réunies en une seule personne, mais qui allaient être supplantées par l’affection due au maître et guide. Son dévouement au Cheikh était tel, qu’il ne reculait devant aucune difficulté pour exécuter les instructions. Pour lui toutes les volontés du Cheikh étaient faisables. Ce dévouement au Cheikh ne s’est jamais démenti. Après le rappel à Dieu du Cheikh il, il apporta cet amour et cette soumission sur le Khalife et ses frères.
Il disait le plus souvent à Serigne Moustapha «je ne suis pas ton oncle, je suis ton talibé, car tu es le fils de mon maître». En compagnie des fils de Serigne Touba, il s’asseyait toujours par terre, en signe de soumission. Malgré les injonctions de Serigne Fallou, il refusait de s’asseoir sur une chaise ou un fauteuil. Il était serviable et généreux envers la famille du Cheikh.
Qualité et noblesse
La noblesse de caractère de Serigne Massamba n’est pas surprenante. Comment un homme éduqué par Serigne Touba pouvait être autrement. Serigne Massamba est le prototype d’ascète qui vit parmi ses pairs et qui sert de miroir à chacun d’eux. Il n’était point un anachorète, retiré sur lui-même. Il vivait dans la société parmi les hommes de son temps.
Ses qualités intellectuelles, morales et son sens des relations humaines faisaient que : le Cheikh l’envoyait souvent faire le tour des disciples dans l’ensemble du pays pour raffermir leur foi. Il sillonnait le pays, en éducateur humble. Les disciples le recevait et il les entretenait de Dieu, de son prophète et leurs rappelait les vertus qui sont les seuls aptes à faire d’eux des mourides sincères. Pour Serigne Massamba Mbacké les recommandations de Serigne Touba sont des recommandations de Dieu donc, il les respectait scrupuleusement et il les faisait suivre à l’ensemble de ses disciples. Partout où il passait, il semait la foi, l’amour du travail dans le sentier de Dieu.
Pendant cette période, les mourides numériquement inférieures subissaient toutes sortes de vexation, mais avec une seule causerie de Serigne Massamba, les disciples emmagasinaient une force morale telle, qu’ils restaient dans les zones les plus hostiles, sans fléchir ni faillir d’un iota.
Educateur hors pair, mais aussi homme pieux et généreux, il donnait tout ce qu’il avait et s’endettait pour satisfaire les autres. Quand il payait ses dettes, il le faisait aussi sans compter. Serigne Massamba ne gardait jamais quelque chose pour le lendemain. C’est comme si les biens de ce monde lui brûlaient les mains; il s’empressait de satisfaire les nécessiteux et soulager les mourides dans le gêne. Lors des travaux de la grande mosquée, combien de simples passants ont bénéficié des repas qu’il apportait quotidiennement pour les travailleurs. Pendant le mois de Rajab 1361H / 1943 il vient dire au Khalife Serigne Mohamadou Moustapha :
«Il me reste trois années à vivre sur terre, je viens aujourd’hui te les concéder pour que tu les ajoutes à ta longévité, afin de parachever ta mission. Quelques jours après cet entretien avec le Khalife, précisément le même jour de Rajab 1361 H, il s’éteignit.
Serigne Massamba Mbacké ! Les générations présentes et futures s’inspireront toujours de ta vie, combien pleine d’agrément.
Ton amour ardent pour le Cheikh, ton dévouement sans borne et ta serviabilité, à jamais seront et resteront gravés dans la mémoire des mourides.
Mohamadou DIOP

3 commentaires:

  1. Les nombreux lecteurs de qasidas comme les chanteurs religieux qui y tirent leurs epertoires nombreux et variés ainsi que les multiples chercheurs qui investissent sur la vie et l'oeuvre de Cheikh Ahmadou Bamba doivent beaucoup à Serigne Massamba Mbacké. Plus qu'un Calligraphe et secretaire particulier de Khadimou Roussoul, il en est aussi le méticuleux documentaliste qui nous vaut l'agencement d'un si immense héritage littéraire islamique qui transcende les époques.

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  2. il l'est tjrs car les hommes de Dieu ne meurent jamais ils sont toujours là à nos coté seulement il faut avoir un troisième oeil pour les voir

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  3. Bien dit, un Homme de Dieu, ça oui il l'étaitt.

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