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mardi 11 janvier 2011

Ces confl its qui persistent


L’Afrique de l’Ouest en proie aux guerres civiles

Devenue la nouvelle « zone des tempêtes » du continent, après la Corne dans les années 1970, l’Afrique australe en 1980, l’Afrique centrale en 1990 –, la région ouest-africaine, déjà rongée par les guerres civiles au Liberia et en Sierra Leone, est touchée au cœur par la crise ivoirienne.

De tradition politique ancienne avec les royaumes et empires précoloniaux Mossi, Mali,Songhai,Borgou, Ashanti, etc. –, l’Afrique de l’Ouest correspond à l’ancienne Afrique-Occidentale française (AOF). Elle a fourni, durant les deux confl its mondiaux, puis
lors des guerres coloniales, les principaux bataillons de « tirailleurs sénégalais». Mais elle comprend aussi des fl eurons de l’ancien Empire britannique,comme le Nigeria – poids lourd
démographique et pétrolier du continent. La ligne de partage entre les Afrique blanche et noire, qui traverse le nord de cette zone, se double au Nigeria et en Côte d’Ivoire d’une fracture ethnicoreligieuse. La Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cedeao)
est l’organisation sous-régionale la plus ancienne du continent : ses 15 membres, ex-« francophones » et « anglophones », cherchent à construire un espace de libre-échange. En raison des confl its (Sierra Leone, Liberia, Côte d’Ivoire), la Cedeao fait surtout figure de « gendarme régional » : son bras armé, l’Ecomog a précédé le déploiement des casques
bleus des Missions des Nations unies au Liberia (Minul) et en Sierra
Leone (Minusil), ou de l’Opération des Nations unies en Côte d’Ivoire (Onuci).
Dans ces pays qui ont connu de meurtrières guerres civiles, des programmes DDR (désarmement , démobilisation, réinsertion) tentent de ramener au civil des dizaines
de milliers d’ex-combattants, préalable à tout retour à la normale et à des élections. La « communauté internationale » a pu imposer une nouvelle réglementation pour entraver
le trafi c des « diamants de la guerre », source de fi nancement des anciennes milices en Sierra Leone, au Liberia. Elle a obtenu du Nigeria l’extradition de l’exprésident Charles Taylor, qui a été déféré devant le Tribunal spécial des Nations unies pour la Sierra Leone (TSSL).Peuplée de 290 millions d’habitants en 2004, la région ouest-africaine devrait en compter 430 en 2025.
En dépit de la pandémie de sida et du retour du paludisme, la situation sanitaire et sociale a progressé. Et 45 % de la population a moins de 15 ans : cette jeunesse grossit les faubourgs des villes sans pour autant vider les campagnes. Elle constitue une main-d’oeuvre de choix pour les « seigneurs de la guerre » ou les batteurs d’estrade (politiciens, religieux). Beaucoup n’ont d’autre espoir que l’exil, et cherchent à passer vers l’Europe.Dans la zone du franc CFA, la progression
du produit national brut (PNB)– 3,2 % en 2004 (contre près de 7 % en Afrique centrale et en Afrique de l’Est) – ne suffi t plus à compenser cette explosion démographique. Grâce à son pétrole, le Nigéria a cependant atteint 6,9 % de croissance en 2005 ; le Burkina Faso et la Sierra-Leone ont dépassé les 7 %. Pour les pays du Sahel, après quinze années sans famine, l’année 2005 aura marqué un retour à l’inquiétude, avec une mauvaise saison des pluies, une
baisse de moitié de la valeur du coton à l’exportation, de nouvelles attaques de criquets, et une crise alimentaire (3 millions de personnes menacées auNiger). Ces Etats enclavés ont souffert
de la crise politique ouverte en 1999 en Côte d’Ivoire. Des présidents contestés s’accrochent à leur poste, comme en Guinée ; des militaires sont tentés par
les putschs, comme en Guinée- Bissau, où l’armée est sortie une dizaine de fois des casernes depuis l’accession à l’indépendance. Quelques oasis de démocratie subsistent, comme le Bénin, le Sénégal, et, dans la zone « anglophone », le Ghana, qui a donné l’exemple d’une alternance
politique apaisée… et fourni à l’ONU son secrétaire général, Kofi Annan. La libérienne Ellen Johnson Sirleaf est la première femme à accéder à la magistrature suprême en Afrique (janvier
2006). La dévaluation en 1994 du franc CFA ainsi que la faillite de la compagnie multinationale Air Afrique ou la partition de la Côte d’Ivoire marquent l’effritement de l’ancien « pré carré » français en Afrique de l’Ouest. En témoigne aussi la contestation de la succession du président Eyadema (un « ami de la France » au pouvoir durant trente-sept ans au Togo) par un de ses fi ls, réalisée avec l’accord tacite de Paris. Ces dernières années, profi tant de l’affaiblissement du « parrain » français, les Etats-Unis ont déployé en Afrique de l’Ouest une activité militaire inusitée
(notamment au Mali, au Sénégal, à São- Tomé-et-Príncipe), sous couvert de lutte contre le terrorisme international dans le Sahel, mais aussi avec le souci de sécuriser les gisements de pétrole du golfe de Guinée, parmi les plus prometteurs du monde.

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